Le retour à la maison

Morgane était fin prête. Sytril lui avait enseigné tout ce qu'elle pouvait. Il était temps pour elle de remplir sa promesse, et de retourner chez elle. Elle irai voir son père.
Aussi, elle s'agitait à l'Hotel, récupérant partout ce qui pouvait l'être. Elle finit par séléctionné quelques affaires. Elle en fit un petit balot, qu'elle mit sur son épaule. Elle enfila son armure, et ceigna son épée. Elle se dirigea vers la sortie, et fut contente de ne croiser personne. Sytril était au courant, mais elle aurait eu du mal à expliquer aux autres. Elle voulait être seule pour remplir sa promesse. Elle voulait avoir la certitude d'être capable de se débrouiller seule. Si elle mourrait, ce n'était pas bien grave, car sa vie n'aurait plus de valeur, car elle serait devenu menteuse et sans honneur. Il lui fallait prouver à tous qu'elle, Morgane aux Grandes-Oreilles, était capable de sauver ceux qui avaient besoin d'elle.
C'est pourquoi elle se faufila discrètement hors de l'hotel, et s'en alla seule vers les cuisines, pour récuperer de quoi tenir quelques jours. Là, elle croisa E'nya.
"Tiens Morgane ! Tu vas quelque part ?
- Je vais déménager à l'autre bout de la ville. Il me faudrait un peu de nourriture, pour remplir l'estomac de tous les porteurs de meuble. Ils sont affamés. Donne moi une ration comme si je partais pour une ou deux semaines, ca devrait suffir.
-A tes ordres, dit la naine en s'éxecutant. Tu as besoin d'aide ? Je peux prendre ma pause si tu veux.
-Non pas la peine ! Ils sont très motivés, ca devrait être rapidement plié. Ne t'en fais pas pour moi. Je reviendrais vous voir souvent, et je ferai une petite fête d'ouverture. Bon, c'est pas tout, mais là, il faut que j'y aille."
L'elfette attrapa le paquet que lui tendait la naine, et s'en alla, remettant son baluchon sur son épaule.
"Elle déménage en armure ?" se demanda cette dernière en haussant des sourcils.
Mais Morgane était déjà loin. Elle se dirigeait maintenant vers les écuries. Elle sella le cheval que Dame Sytril lui avait prêté. Sola, c'était son nom. Il était aussi blanc que les cheveux de Morgane et sa courbe était parfaite. Quand elle monta dessus, Morgane se sentit revivre. Elle le lanca au galop et atteint rapidement les Portes de la Ville.
Elle se dirigea vers le Bois Commun.
Avec un regard en arrière, elle se murmura "Je reviendrai vite, je te le promets ma belle Ville."

Assis tout en haut de la tour de guet, sur les tuiles de pierre sombre, Orpheee et Sytril se tenaient côte à côte.

-Tu as vraiment fait du bon travail, remarqua Orpheee. Cette petite est en passe de devenir l'une des plus grandes figures de cette époque. Elle me manquera.

La gnaine ne répondit pas, mais elle rougit discrètement sous le compliment.

Puis, elle se tourna vers l'elfe, surprise par ses dernières paroles.

-Pourquoi va-t-elle te manquer ? Tu la reverra bientôt !

-Qui sait de quoi demain sera fait ? Même moi ne me risquerai pas à prédire l'avenir. Mais j'ai comme l'impression que je ne reverrai pas Morgane...

Morgane, sans rien connaitre des funestes paroles qui s'échangeaient dans son dos, s'élança sur la route avec l'espoir de changer un peu ce Monde de sa Méchanceté.

Alors galopa pendant trois jours, s'arrêtant uniquement la Nuit pour manger quelques unes de ses denrées. Elle encourageait son cheval par la voix, et lui flattait l'encolure avec de douces caresses. Sola avançait encore et toujours, fidèle aux désirs de sa maitresse, et parfaitement bien éduqué par Dame Sytril.

Au matin du quatrième jour, Morgane reconnut les champs qui avaient bercé son enfance. Elle ne s'arrêta pas dans son petit village, et rejoignit rapidement la ferme reculée de son pauvre père. Ce qu'elle vit alors la révulsa. Ce qu'elle avait d'abord prit pour la fumée de la cheminée était en fait tout autre chose... En grand tas, toutes les récoltes de son père brulaient. Et lui, effondré, pleurait devant ce terrible bûcher.
Dans un cri de rage, elle fit tourner talon à sa monture, la lança au galop, en direction des habitants des vandales. Son père, au son du cri, se tourna juste à temps pour voir la chevelure blanche de sa fille dans le vent. Il tenta de crier "Morgane ! Ne fais pas ça"
Mais il était trop tard.

Elle sauta de Sola, reprit son souffle... et entra.
L'auberge du petit village était le lieu le plus important. On s'y retrouvait pour échanger des ragots, pour jouer aux cartes, pour boire un coup. Ou tout simplement pour ne pas être seul. C'est pourquoi il y avait toujours du monde.
Les cinq hommes qui se tenaient dans l'auberge reconnurent aussitôt Morgane.

...

-Morgane, c'est bien toi ?! dit un premier.
Un regard foudroyant lui tint lieu de réponse.
-Tu nous as manqué ! enchaina un deuxième, qui, plus courageux, s'avança en ricanant.
Morgane, que la colère rendait belle, demanda, avec une voix qu'elle voulut froide, qui avait fait ça à son père. L'un haussa les sourcils, un petit sourire en coin, et demanda avec un air faussement innocent :
-Ca quoi ma petite Morgane ? Tu sais, tu nous as manqué, on a cru que tu nous avait fui. Alors, on est allé rendre souvent visite à ton vieux père, pour lui tenir compagnie. C'est vrai, ce serait bête qu'il meure tout seul dans sa ferme sans qu'il y ait une âme compatissante qui s'occupe de lui.

Elle tira son épée. "Mes amis, je crois que la vérité s'impose. Je vous tous vous couper un membre, proportionnellement au Mal que vous lui avez causé. Bien sûr, je ne deviendrais pas comme vous, car je vous laisserais les membres qui vous servent à travailler. Car quoi, il faut bien se nourrir dans la Vie ! Mon père n'a pas eu droit à autant de clémence de votre part, alors que lui l'aurait mérité." Elle jura, avant de cracher à leur pieds. "Je vous écoute"

Les hommes ricanèrent, puis, avec des airs menaçants, prirent place en cercle autour de la jeune elfette.
"Joli ton bout de ferraille. Etonnant que tu puisses le soulever !"
"Pose ça, beauté, tu vas te faire mal."
"Arrête de faire l'enfant Morgane, c'est ridicule"
"Tu comptes nous faire quoi ? Viens ici qu'on te mette la fessée déculottée que tu mérites"

...

Ce qu'il se passa en ces lieux fut un mystère. Toujours est-il que lorsque les gens débarquèrent à l'auberge, alertés par les bruits, ils ne virent que du sang, et des morceaux de membres. Et au milieu de ce carnage, se tenait Morgane, haletante, ruisselante du sang de ses ennemis. Elle était effrayante. On aurait dit un démon revenu du Royaume des Ombres. Elle chuchota quelques mots, qui restèrent à jamais gravé dans la mémoire de tous les présents.
"Ne faites plus jamais de Mal. A personne. Ni à mon père, ni au voyageur, ni à la veuve, ni à l'orphelin. Ni même à la plus vile créature. Sinon, je vous retrouverai. Je vous punirais en conséquence de vos actes. Soyez prévenu, et craignez Morgane aux Grandes-Oreilles, elle que vous avez tant marthyrisée et qui est aujourd'hui votre plus grand cauchemar. Craignez moi, et agissez avec respect envers les autres. Le Bien est mon maitre. Garre à vous"
Et elle sortit. Les villageois s'écartèrent à son passage.
Morgane enfourcha son cheval, et se dirigea vers la maison de son père.