Le début d'une vie, par Eryn'a

Eryn'a se promenait dans les rayons jouant des ombres et du clair de lune pour se diriger.
Ne faisant pas de bruit, un silence de plomb régnait dans la pièce. A la lumière du jour la bibliothèque arborait déjà une structure imposante et la nuit lui conférait une aura de mystère en plus. Pourtant Eryn'a n'y jetait que des regards discrets. Elle pensait...
Cela faisait presque quatre mois qu'elle était arrivée dans cette contrée, et il lui manquait toujours quelque chose. Elle connaissait bien cette sensation qu'une pièce du puzzle manquait à l'appel. C'est ce qui l'avait, entre autre, poussé à voyager autant. Mais là, elle savait qu'elle avait enfin trouvé sa place, même si un détail la génait encore. Repensant aux voyages, elle comprit. Tant d'aventures vécues, tant de rencontres, de pertes, de sentiments, en à peine 10 ans et plus un seul compagnon de route. Plus une seule personne capable de témoigner. Sauf elle. Et elle décida qu'il était temps de consigner par écrit le début de son histoire. A seulement 24 ans, elle ne se leurrait pas en se disant que les aventures étaient finies, mais avec son arrivée en Allysan une page s'était tournée et il était temps de l'écrire afin de pouvoir véritablement la tourner. Talent d'écriture ou pas, le récit sera fait et cotoiera humblement d'autres illustres écrits de cette bibliothèque.
La décision prise, la naine fut appaisée. Mais qu'un court instant. Par quoi commencer?
Sans doute par le commencement...

Pour le coup, c'est vraiment le commencement de mon histoire.
Me voila vagissant dans les bras de ma mère. Mais pas longtemps. Car, chez les nains, on ne se plaint pas. Mais bon crier à la naissance est naturel, et plus le nourrisson est capable de crier fort, plus les parents en sont fier. Et rien de plus important que la fierté. Je devais sans doute le savoir dès la naissance car il parait que je poussai un formidable vagissement. Moi tout ce que je sais, c'est que ça faisait beaucoup de lumière d'un coup. Et que à première vue, c'était pas forcément agréable. Et puis, on prend le contrôle de son corps, on apprend à marcher, à parler. Et sans doute le plus important, à se battre. Dans le village, dès l'age de 5 ans on pouvait participer à des tournois. Explication plausible d'un bras cassé, et de dents de lait rapidement tombées. Et puis, la découverte. Chacun à un talent particulier au village, en plus du combat évidemment. Et moi, ce fut la cuisine. Comment cela me vint? C'est une autre partie de mon histoire que je raconterais sans doute aussi dans la foulée.
La cuisine, c'est pas forcément une qualité reconnue chez les nains. Mais il y a pire. Et puis, rien ne vaut une belle bagarre pour prouver sa bravoure et faire oublier tout détail insignifiant. Pour l'autre. Car dès mon plus jeune age j'ai estimé cet art, et l'ai défendu dents et ongles. Avec le recul je peux dire, que peut-être, cette méconnaissance de la cuisine dans mon village a servi mon apprentissage du combat. Je n'aurais jamais laissé quelqu'un se moquer de moi ou de mes goûts, je dirais même plus, je n'aurais jamais laissé cette personne intacte. Alors j'ai fait tout ce qu'il fallait pour. Et cela m'a doublement profité.
Voici le premier chapitre de mon histoire: l'enfance.

Il y a 12 ans,
J'avais alors 12 ans, et je passais sans le savoir mon dernier été au village. Il commença comme bien d'autres, fait de jeux, de combats, de baignades... Mais vers mi-juin une arrivée inatendue bouleversa en partie mon existance. C'était un humain, de taille moyenne. Il semblait épuisé par la route, les vêtements recouverts d'une fine couche de poussière. Notre village fournissait toujours l'hospitalité aux voyageurs non hostiles. Et il en fut de même pour lui. Après s'être restauré il se rendit chez mes parents. Détail nécessaire je suppose, ceux-ci s'occupaient alors des chevaux du village. Faisant office aussi bien de dresseurs, éleveurs, et maréchal-ferrant. Cette inconnu était arrivé avec un cheval tenu en bride. Un alezan, qui s'il devait avoir autrefois de l'allure, montrait une fatigue dû à un age avancé. L'homme semblait toutefois y tenir beaucoup, présageant une complicité importante. Il souhgaita laisser le cheval chez nous, pour lui faire reprendre des forces avant de repartir en voyage. Il se montra si généreux dans le paiment que mes parents insistèrent pour lui offrir eux-même l'hospitalité en retour. Je me retrouvai donc intriguée avec un inconnu logeant chez moi. Il ne risquait pas de nous déranger, partant en vadrouille dans la contrée mais revenant avec une exactitude éternelle aux heures de repas. C'est comme si il sentait au loin le fumet de la nourritureque je préparais, et qu'il courrait à sa rencontre. Mais pourtant, rien dans son attitude ne montrait un empressement. Il arrivait de sa démarche tranquile et souple et s'attablait avec nous. Je délaissais alors mes activités habituelles pour l'observer à ma guise. Je tentais nombre de fois de le suivre. Mais ne voulant pas me faire repérer je le perdais de vue constament. J'hésitai à lui parler, mais commencer à trouver que mon attitude pouvait être puérile. J'étais persuadée qu'il était au courant de mon manège. Je rassemblai donc mes forces pour entamer une discussion. Non pas que je ne lui ai jamais parlé, mais juste que c'était des discussions courtes des plus banales. Je n'ai jamais manquée de courage, et je lui demandai donc un matin de l'accompagner dans sa balade. Préparée à batailler ferme pour acquérir ce privilège je restais surprise face à un simple oui.
Je garderai toujours en souvenir cette balade dans la campagne.

La brise soufflait, agitant dans les champs les gerbes de blé. Cette scène champestre est gravée dans ma mémoire. Moi, jeune naine, tournée vers lui avec anxiété et attendant sa réponse. Et puis le soulagement face a son accord. Accompagnée d'une pointe d'inquiétude... Je sentais que quelque chose d'important venait de se passer et que rien ne serait plus jamais pareil.
L'avenir me donna grandement raison. Deux semaines après cette première escursion je faisait mes bagages et partait avec lui pour toujours. Enfin, pas tout a fait toujours, je suis revenues longtemps après. Mais rien n'était plus pareil.
Je suppose que je devrais quand même raconter plus cette fameuse balade.
Nous étions partis dans les champs. Droit devant nous, poussés par un élan invisible. Je ne savais comment entamer la conversation, et attendit donc. Au bout d'un moment il parla. Enfin.
"C'est ca que j'aime chez vous, les nains. La patience... Savoir contrôler ses émotions est quelque chose d'inestimable. Que de mauvaises choses accomplies sous le coup de l'humeur.... Mais, passons. Si nous commencions par le début. Je ne crois pas que nous nous sommes vraiment présentés"
Il attendait, confiant en me regardant, j'en déduisit que c'était a moi de le faire. Mais que dire?
"Je, euh, suis Eryn'a. Fille de mon père et de ma mère. Ceux là même qui s'occupent de votre cheval..."
J'avoue n'avoir pas trop hésitée, l'humour était chez moi une arme que je cultivais me permettant de combattre une timidité encombrante. J'avais quand même peur de sa réaction. Mais, il sourit et se présenta à son tour.
"Je m'appelle Elrim. Je suis actuellement un voyageur itinérant. Et je t'aime bien petite."
Ses derniers mots prononcés affectueusement mais avec une pointe de malice me firent réagir. Mais afin de ne pas me ridiculiser me doutant de ma grande infériorité je me contentai de détourner son attention. Je m'adressai ainsi a Aert'i un compagnon de jeu qui nous suivait depuis un peu. Utilisant notre langue secrète connue de nous seuls je lui demanda de se montrer puis de s'en aller. Il déboucha donc du talus voisin, fit une pirouette et partit en courant déconfit d'avoir été repéré.
Sitôt son départ Elrim se retourna vers moi et me regarda d'un air interessé.